CHAPELLE BONNE-NOUVELLE
1823 et 1894
La chapelle de Bonne-Nouvelle, élevée par Guillaume le Conquérant est détruite en 1794, reconstruite en 1823 et restaurée en 1894. Centre de pèlerinage les lundis de Pentecôte, elle est située sur un promontoire et offre un panorama remarquable notamment sur l’Orne. Une croix monumentale du XIXe siècle en calcaire et fer forgé de 3,12 mètres se trouve près de l’église.
HISTOIRE DE LA CHAPELLE
Sur l’histoire de la Chapelle Bonne-Nouvelle, il existe plusieurs légendes dont la plus plausible est celle de Monsieur Maizeret qui fut notre précieux documentaliste sur l’histoire de Guillaume le Conquérant. La folle poursuite du Duc pour rattraper Grimoult du Plessis et lui faire payer chèrement sa félonie. De retour après la conquête de l’Angleterre, au cours d’un repas avec ses compagnons (Raoul Marmion, Raoul Tesson baron du Cinglais et beaucoup d’autres), l’un d’eux remit à Guillaume la bague de fiançailles de la Duchesse qu’il avait volé dans ses appartements en disant qu’il l’avait prise aux mains de son suborneur.
Guillaume était fel de caractère. Il se leva fou de colère. Je me vengerai, dit-il.
Il fit appeler le petit page Landry, lui ordonnant :
- Va chercher la Duchesse. Qu’elle vienne immédiatement. Va ensuite aux écuries et fait brider mon cheval de guerre.
La Reine arriva en tenue de nuit. Elle approcha les mains tendues vers le Conquérant.
- Tout beau Madame, dit celui-ci rudement.
- Mais qu’avez-vous mon doux Seigneur ?
- Ce que j’ai, perfide, tu me demandes ce que j’ai ?
- Mais oui, vous paraissez en colère.
- On le serait à moins, vous allez expier !
- Expier quoi ?
- Attache les cheveux de la Reine à la queue de mon cheval et qu’on la promène par la ville afin que tout le monde soit témoin de sa trahison.
Passant rue Froide, près de l’église Saint Sauveur, elle se serait plainte du froid. Ce qui a donné son nom à cette rue, nom qui a traversé les siècles pour venir jusqu’à nous.
A l’angle des routes de Falaise et de Cormelles, le page arrêta son cheval. Mathilde, épuisée, tomba à genoux et pria la Vierge Marie de venir à son aide. Tous les témoins pleuraient de la voir si malheureuse.
Elle, si bonne pour eux.
De retour, mise au cachot, à genoux sur la terre humide, elle pleura sur son malheur auquel elle ne comprenait rien.
Guillaume, lui non plus ne dormit pas. Il s’en vint à douter. Comment la Duchesse, si douce, si bonne, si pieuse, a-t-elle pu ? Si on l’avait trompé ? Comment savoir la vérité ?
Sur les conseils de son ami Golet qui lui avait autrefois sauvé la vie, il comprit que Grimoult avait menti.
Guillaume monta chez le moine Maigret et lui demanda son froc. Puis un cierge à la main et le crucifix de l’autre, il s’en fut confesser la Reine.
Belle dame, je viens vous confesser. Notre Seigneur, le Duc, a décidé que l’on allait vous couper la tête !
Ses fautes étaient des peccadilles et il apprit qu’au cours de son absence son intendant Grimoult du Plessis s’était permis de faire à la Reine des propositions malhonnêtes. Le confesseur improvisé se trouvait soulagé.
- C’est tout ma Fille ?
- Oui, c’est tout, mon Père.
La fureur de Guillaume envers le parjure fut telle qu’en un instant, il forma une escorte et partit rattraper Du Plessis.
Ce dernier, suivant les évènements et se rendant compte que sa mise en scène pour se venger de Mathilde avait échoué, prit la fuite, espérant se mettre à l’abri en son domaine.
Traversant la forêt qui, à cette époque, couvrait une grande partie de notre campagne, à la suite des chiens qui suivaient la piste du fuyard, Guillaume parvint aux environs de la paroisse d’Esson. Les chiens s’arrêtèrent, tournèrent en rond dans les taillis. Ils avaient perdu la trace du fuyard.
- O ! rage ! la proie va-t-elle nous échapper ?
Guillaume avisa une pastourelle gardant ses brebis.
- Holla petite, n’as-tu pas vu passer un cavalier ?
- Pardi si, j’en ai vu un qui a passé le gué de la Mousse.
- Bonne nouvelle, s’écria Guillaume. Je ferai bâtir ici une chapelle à la Saint Vierge. On l’appellera, Notre Dame de Bonne Nouvelle.
Ayant à leur tour traversé l’Orne au gué, les chiens retrouvèrent la quête, suivi de l’escorte.
Passant près d’une forge, le fuyard fit ferrer son cheval à rebours dans l’espoir de déjouer ses poursuivants et repartit à toute bride. Cerné, il voulut se défendre, tira l’épée. Assailli de toutes parts, il fut obligé de se rendre et aussitôt le bourreau lui coupa la main droite.
Pendu par les bras à un arbre, déshabillé, il fut soumis à l’épreuve de la torture pour lui faire expier sa faute.
Toujours en vie, il fut découpé en morceaux qui furent jetés dans les bois en pâture aux bêtes sauvages.
L’endroit ou Grimoult fut ainsi rattrapé et supplicié s’est appelé depuis la Berrière au Co nu, ou corps nu et porte toujours ce nom.
Guillaume a tenu parole. Sur une colline de la paroisse d’Esson, d’où il avait eu de précieux renseignements sur le passage du fugitif, et d’où I ‘on domine les paroisses de Caumont, Esson, Thury-Harcourt et Croisilles, une chapelle fut construite.
Edifiée très sobrement, quatre piliers soutenant la toiture, abritent l’autel et la statue de la Vierge. Ce modeste sanctuaire juché sur ce petit promontoire était le lieu où chaque paroisse venait en délégation remercier la Vierge Marie d’une protection particulière accordée en particulier, lors des épidémies qui incitaient les croyants dans la multiplication des pèlerinages.
Les filles qui désiraient se marier, devaient gravir la côte à reculons par un mauvais sentier tout ribotu.
Pendant la révolution de 1789, les bois qui entouraient la chapelle servaient de refuge aux maquisards royalistes. Les révolutionnaires aux ordres de Fremanger, représentant du peuple, investissent les bois, profanent et détruisent ce lieu de culte.
Pendant cette tourmente, l’Abbé Ronchant, originaire de Saint Martin de Sallen, refuse de se plier au serment civique. Il se réfugie à Rouen pendant les trois années de la terreur.
De retour après le concordat, nommé curé d’Esson jusqu’en 1837, il rebâtit la chapelle actuelle. Les pèlerinages reprirent ainsi que les visites personnelles ou en couple.
Comme il n’y avait plus de presbytère à Esson, il allait coucher le soir chez sa maman à Saint Martin. Passait l’Orne à Boudinier. En temps de crues, il ne pouvait pas traverser la rivière et passait ses nuits dans la chapelle.
Des 4 colonnes qui soutenaient ce premier édifice, trois sont mises en valeur. L’une est érigée sur la colline, face à la nouvelle chapelle. Une autre, dans le cimetière d’Esson, la troisième surmontée de la Croix du Christ dans le triangle à l’intersection des routes de Thury-Harcourt et du bourg d’Esson.
Liens :
Quelle histoire pour la chapelle Bonne-Nouvelle ? (ouest-france.fr)