Histoire

Au sud de Caen, un bien curieux cimetière de village : le commun des mortels et… les autres

Jusque dans la mort, tout les sépare. En fait, c’est un mur de pierre qui marque la « frontière ». Une curieuse séparation, ça fait des siècles que ça dure. Il y a d’un côté le cimetière communal posé sur des graviers blancs autour de la petite église nichée pas loin de Thury-Harcourt, et de l’autre, ce parterre à l’ombre des vieux murs qui l’encadrent. On peut aller de l’un à l’autre. Un passage est percé dans la pierre marquée d’une belle croix gravée, une fleur de lys. Il y a neuf sépultures, des stèles de pierre dont certaines gardent encore visible les noms des défunts, le même nombre de dalles au sol entourent un ancien calvaire.
Nous sommes à Esson, en pleine Suisse normande. On l’appelle « le cimetière des nobles », c’est tout dire.

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Cimetière des nobles

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Cimetière des nobles 48.964540, -0.454141

Le carré réservé

Les anciens seigneurs et propriétaires du château voisin avaient pour sépulture un carré qui leur était réservé à l’ombre du cimetière du commun des mortels. Au XVIIIe siècle, les Seigneurs d’Esson avaient un accès direct à « leur » cimetière depuis le parc du château.

Le cimetière des nobles

Aujourd’hui, la porte qui y menait depuis le château a été condamnée, mais le cimetière privé demeure au sein du cimetière paroissial et on peut y accéder en empruntant les allées autour de l’église. Ici gît, notamment, la « noble dame » Françoise Marie Madeleine Malleavand de Puy Renaud, épouse de Louis Coste de Bagneaux. Tout à côté, « Messire » Raoul Louis Deshays de Gassart. Les tombes alignées contre le mur sont disposées dans un ordre bien précis. Le plus puissant des Seigneurs d’Esson est celui dont la tombe est la plus proche de l’église.

Ce cimetière en deux parties, l’une pour le commun des mortels, l’autre pour les nobles du pays, est le seul du genre en Normandie. Il témoigne d’un passé singulier dont on retrouve l’histoire dans ces vestiges.

 

Le chevalier chauve

Le petit bourg d’Esson 500 habitants a conservé l’aspect qu’il avait au Moyen âge, rien n’a changé… Sur la butte qui surplombe la vallée de l’Orne, la chapelle « Bonne Nouvelle » témoigne du temps d’avant. Elle a été fondée par Guillaume le Conquérant, le culte daterait de son époque. Détruite à la Révolution, puis restaurée en 1821, c’est une petite chapelle toute simple. A l’intérieur, les pages d’un petit cahier posé sur l’autel sont emplies de mots laissés par les fidèles. On vient y prier Notre Dame de Bonne Nouvelle. Sur l’autre butte qui surplombe la vallée, se niche la commune de Cauville, la « Villa du chauve ». On raconte que l’ancien Seigneur, le chevalier chauve qui a laissé son nom à l’endroit, participa aux côtés de Guillaume le Bâtard, à la Bataille d’Hastings. Il y a en vis-à-vis une autre chapelle, la chapelle Saint-Joseph de Saint-Martin-de-Sallen. Tout ce territoire était autrefois recouvert de landes. Elle a disparu quand les troupeaux de moutons s’en sont allés. Depuis, les bois ont repris place dans le paysage qui s’est figé : à Esson, les nobles demeures… demeurent pour l’Eternité.